mardi 8 décembre 2009

Remember remember the days of december

Dimanche 6 décembre : commémoration du décès d’Alexis âgé de 15 ans lors des faits. Sa mort avait soulevé beaucoup de questions, en France la version officielle serait que durant un course poursuite les policiers auraient tiré dans un mur et la balle aurait ricoché sur l’enfant ce qui aurait provoqué sa mort… Autant vous dire que la version grecque est bien moins compliquée : le policier a tiré directement sur l’enfant !


A midi une marche silencieuse a été organisée par la famille en traversant la ville, la mère a appelé au calme.

Mais les choses n’en sont pas restées là, comme l’an dernier ! D’après un étudiant grec rencontré lors d’une manif, le décès d’Alexandre constitue « the last piece of a big puzzle » , un puzzle qui combinerait tout ce qui n’allait pas dans le pays, les étudiants se sont donc appuyés sur cet événement pour manifester contre d’autre choses telle la politique éducative de l’Etat qui est très mauvaise, les problèmes de corruption. Mais les anarchistes eux n’ont pas réagi de la même manière, ils ont été bien plus violents. Il parait qu’il fallait courir dans les rues en se protégeant pour ne pas recevoir les pierres. Rien n’a changé : on retrouve toujours les étudiants avec des revendications plus fondées et les anarchistes bien moins discrets et bien plus survoltés contre la Police uniquement !


A 15h ça a dégénéré, les anarchistes se sont rendus à Panepistimio, là ou il y a les facs de droit et les bâtiments administratifs. Il y a eu des confrontations, quelques arrestations musclées.



A 17h on a traversé Exarchia, LE quartier anarchiste et très alternatif, encerclé de flics partout. Mais on ne se sentait pas en insécurité parce que rien ne se passait.


Le monument dédié à Alexis à Exarchia: très peaceful



A 18h on retourne à Panepistimio, notre fac est occupé, tous les escaliers sont remplis d’étudiants. On voit des feus faits de petites carrioles en bois et de poubelle.


Ma fac!

Rien ne se passe, les policiers sont d’un coté de la grande avenue et les anarchistes sont en face occupant les bâtiments de la fac. La route est remplie de morceaux de verre partout mais il n’y a personne au milieu, un silence pesant qui semble durer des heures, on se croirait dans une scène de western lorsque les deux cowboys ennemis se regardent avant de s’attaquer.


Rue principale de Panepistimio


A 18h30 les affrontements recommencent à Panepistimio et on assiste à la violence anarchique : ils détruisent les feux de circulation, les panneaux, les abris bus, les poubelles, mais pas les kiosques.

Un hélicoptère survole toute la scène, on dirait la fin du monde!. Les policiers sont visibles mais n’attaquent pas. Ils attendent que les provocateurs qui leur jettent des pierres soient assez éloignés de l’entrée de la fac, car ils pourront les attraper ! Quelque chose de spécial ici c’est le droit d’asile qui interdit aux forces de l’ordre de pénétrer dans une faculté.

On assistait au jeu du chat et de la souris, pièce en 4 actes.
Acte 1 : les anarchistes et étudiants sortent de la fac prudemment, mettent le feu juste devant l’entrée pour ne pas subir l’effet des gaz lacrymogène et pour faire reculer les policiers.



Acte 2 : ils sortent encore plus de leur cachette, mettent le feu à un petit sapin en plein milieu de la route, ils récoltent du marbre qu’ils se procurent en cassant les trottoirs ou les marches… (Hé, à Athènes on manifeste avec du marbre ! On n’est pas n'importe où) Ils cassent leurs « armes » en morceaux, pour remplir des sacs. Ils se préparent à attaquer.

Acte 3 : ça y est la souris va trop loin, les morceaux de marbre fusent dans les airs, les policiers foncent dans le tas… On s’enfuit trouver un abri pour ne pas se recevoir un truc sur la tête. Les policiers s’y mettent aussi, ils répondent à leur attaquant au même niveau, les pierres fusent des deux cotés. La confrontation dure quelques secondes….



Acte 4 : les casseurs et manifestants retournent dans leur cachette. Des grenades leur sont lancées par les policiers et les « teargas » ou gaz lacrymogènes étouffent tout le monde. Sauf que les souris sont très bien équipées, un casque de moto avec visière ou alors carrément un masque a oxygène. Un policier est blessé. Fin du round mais pas du combat.



Ce petit jeu dure très longtemps.




A 22h on entend dire que ça va exploser à Exarchia encore ! Donc le quartier assez anarchique qui abrite l’école Polytechnique d’Athènes. Le droit d’asile s’y applique, comme partout et donc l’école est remplie d’anarchistes.

Les policiers nous interdisent l’entrée dans le quartier, nous contrôlent nos identités. Une française n’avait pas pris ses papiers, on a donc faillit passer la nuit au poste de police… on a accepté de rebrousser chemin. On a rejoint d’autres copains qui voulaient voir ça de plus près, mais le danger semblait dissiper, pas comme les gaz lacrymogènes qui étaient bien encore là….


Exarchia


Les policiers n’acceptaient pas qu’on les photographie, et là on rencontre des photographes collés aux policiers. En réalité il faut demander une autorisation au préalable pour prendre des clichés des policiers et de ce qui se passe. Par contre il faut mieux ne pas essayer de photographier les anarchistes car bien qu’on ne puisse pas les reconnaitre, ils sont catégoriquement contre tout ça ! Ils ont explosé plusieurs appareils photo à cause de ça !

Un type a laissé sa BMW garé dans une rue perpendiculaire à Polytechnique…pas une bonne idée !

Minuit dernier passage à Exarchia pour voir ce qu’il s’y passe : rien, le calme, le square, haut lieu de réunions anarchistes est vide! Toutes les poubelles sont en travers des routes, mais pas de danger ! On rentre à pied chez nous, car certaines rues sont fermées et les bus ne se montrent pas trop.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire